1h40 avant le départ |
Avec Chum, on s'est rendus à La Malbaie le vendredi. Un repas de pâtes en fin de soirée, une bonne nuit de sommeil, un petit-déjeuner fébrile... C'est avec ma mère que je me suis rendue au mont Grand-Fonds, car Chum profitait de la journée pour faire du vélo de descente au Mont-Sainte-Anne. Couple de sportifs :)
J'adore l'atmosphère détendue des courses en trail. Nous étions 1400 coureurs au total, 600 pour le 28km, et les différentes distances partaient à des heures très différentes: de 2h du matin pour le 125km (ARK) à 14h30 pour le 5km. Donc, pas d'achalandage confus au stationnement, pas de cohue énervée sur le site... C'est super. J'avais apprécié le même climat au Bromont Ultra l'an passé.
Ça monte en titi! |
Comme je savais depuis longtemps que ça commençait ainsi, le mental était prêt. On se tapait le pire du trajet au début, ce qui est parfait pour moi!
J'ai croisé quelques acolytes du Club de Trail Montréal. Ça faisait doux au coeur, cette perspective de visages connus sur le trajet, ces encouragements, savoir cette expérience partagée.
J'avais prévu plusieurs façons de contrer la déprime, au cas où elle se pointerait en cours de route. D'abord, j'avais avec moi ma mascotte, une petite peluche de tortue appelée Annette. Elle m'a accompagnée dans mes dernières sorties en montagne et je savais que ses rebonds ne me dérangeraient pas.
J'ai aussi demandé à Chum de me dessiner un coeur sur la cuisse, et ma mère a aussi dessiné sur l'autre cuisse, question de me faire sourire lors des montées. C'est ce qu'on voit dépasser de mes shorts sur certaines photos :P
Sur une cheville, j'avais inscrit "1km à la fois", mon mantra. Sur l'autre, "JP", en l'honneur de feu mon cousin auquel je pense toujours lorsque je suis en montagne. Lorsque les conditions sont pénibles, je pense à lui et je trouve le moyen de m'amuser de la situation.
J'avais aussi demandé à Chum de m'écrire un message sur une feuille de papier. En cas de détresse psychologique, ces quelques mots représenteraient une belle bouée de sauvetage! Heureusement, je n'ai pas eu besoin de le déplier :)
Bref, j'étais parée côté mental!
C'est parti! |
Considérant la chaleur, des shorts et une camisole suffisaient amplement. Un bandeau sur la tête, comme d'habitude. Et mes Salomon aux pieds.
Mes jambes n'étaient pas à leur meilleur. J'avais hâte d'être dans la montagne, de découvrir le parcours, mais pas de courir comme tel. Pas de fatigue excessive, juste pas d'énergie débordante.
Ai-je mal géré mon affûtage? J'en ai probablement un peu trop fait, avec la course et le vélo en début de semaine. Je n'avais pas pris en compte la marche et les escaliers imposés par le retour à l'école, dans ma préparation. Ça a peut-être joué... Pendant le yoga de mercredi, je sentais que mes muscles répondaient difficilement.
Mon état n'était pas dramatique non plus. J'avais déjà prévu de respecter mes limites, de marcher les montées, de prendre 5h s'il le fallait. Et j'étais fébrile à souhait!
À 11h, ce fut un départ! À la marche, ce qui faisait un peu bizarre, puisqu'on commençait directement au bas de la pente de ski. Pas mal tout le monde marchait, donc pas de gêne.
Aux 3/4 de la fameuse montée |
J'ai osé m'arrêter pour prendre une photo. Il faut dire que la vue derrière nous était splendide! Et ça m'a permis de retrouver un rythme cardiaque semi-normal.
Au sommet, on profitait d'une petite section plate. Je me suis mise à courir doucement, heureuse de sentir mes jambes répondre. On a eu droit à une belle section roulante, comme annoncé dans le guide du coureur, et à de l'ombre!
Plusieurs coureurs que j'avais devancés pendant la montée m'ont dépassée. C'est tout à fait légitime, ça fait partie de la game, mais c'est dur pour l'ego!
D'un autre côté, je m'attendais à ce que ça arrive. J'ai "perdu" là plusieurs minutes, c'était drôlement frustrant. Mais j'ai assumé ma condition, gardé le sourire et marché le temps qu'il a fallu.
Comme cette section se trouvait plus à l'ombre, j'ai pu me remettre à courir sans trop de mal. Malgré mes difficultés, j'avançais à un rythme étonnamment rapide. C'est vrai que mes estimations de temps étaient excessivement conservatrices afin d'éviter les déceptions!
Gracieux selfie |
Le temps de le dire, j'avais parcouru les 7 premiers kilomètres du parcours. Il ne restait plus qu'un demi-marathon à faire! Soit l'équivalent d'une distance que je n'avais encore jamais parcourue! Ha ha!
À ce moment, ça allait bien, physiquement et mentalement. La perspective de la distance devant moi m'emballait. Je la sentais à ma portée, je me sentais en contrôle.
Bien honnêtement, même si ces personnes étaient très agréables, j'étais contente de me retrouver seule. Je fais la plupart mes randonnées en solo, et le silence me manquait. L'immersion dans la forêt, dans son calme... J'avais hâte à ça aussi, et j'ai savouré ce moment.
Visage de la motivation |
Je n'ai rien mangé, évidemment, mais j'ai pris deux ou trois minutes de pause. Les bénévoles, l'organisation, tout était super. Juste de profiter de l'atmosphère, c'était bon pour l'esprit. Je suis repartie super motivée.
J'avais bien mémorisé les informations du début et de la fin du parcours, mais pas celles du milieu. Aussi j'ai été décontenancée qu'on monte aussi longtemps après ce ravito.
Une belle trail de 2,5km et encore près de 300 mètres de dénivelé positif. Ouch!
Hors de question de courir dans mon cas (et, à mon grand soulagement, dans le cas de plusieurs). Heureusement, nous étions à l'ombre pour cette montée!
Le président-fondateur de l'événement, Sébastien Côté, qui participe très activement au CTM, venait à notre rencontre dans cette section. Une implication personnelle très appréciée! J'avais mentionné mes
Fierté de mi-parcours |
Par la suite, bien honnêtement, ça a dégénéré lentement.
Lorsque la montée a finalement cessé, j'étais encore capable de courir. Mais ensuite, dès que ça montait le moindrement, je marchais. Pas d'énergie. La pâte de fruits et le sirop d'érable ne suffisaient pas. Je m'étais déjà promis de boire de la boisson gazeuse au prochain ravitaillement, et c'est devenu une idée fixe.
Quitter la forêt pour une autre section de route de camions ne m'a pas réussi. Poussière, gros soleil... meh. Heureusement, ça descendait!
Et le ravito n'était plus très loin. J'ai eu droit à mon Pepsi chéri (je l'avoue, je suis une addict) et j'ai reçu des encouragements de la coach du groupe C du CTM, Marie-Josée, qui était bénévole. Une belle surprise pour le moral!!!
Le Pepsi a fait du bien, je suis repartie plus motivée. À ce moment, il restait 8km et j'avançais depuis un peu plus de 3h.
Le dernier quart de la course, qui aurait dû être le plus facile, a été de pire en pire. Pas un cauchemar, pas un calvaire, non. Juste pas agréable. J'étais fatiguée, j'avais mal au dos, je ne reprenais pas le dessus. Je suis demeurée positive, surtout par peur de "tomber du côté obscur" et de gâcher cette expérience, mais j'ai travaillé fort.
Un enthousiasme complètement feint |
Je trottais dans les descentes, surtout par orgueil, pour améliorer un peu mon temps. Heureusement que le chrono ne me stressait pas!
Aux kilomètres 3 et 4 avant la fin (il me semble), le sentier était ponctué de plusieurs petites zones marécageuses difficiles à éviter. Tout le monde s'est retrouvé les pieds dedans à un moment ou à un autre!
Côté positif: le froid faisait du bien aux pieds!
Tandis que je me traînais les pattes, des coureurs du 10 et du 5km me dépassaient de tous les côtés. Gros travail mental pour garder le sourire ici! :)
Il y avait aussi des coureurs du 65 et du 80km qui me dépassaient depuis le 2e ravito, la plupart avec une légèreté inhumaine. Comme s'ils ne couraient pas depuis le petit matin. Ils reçoivent toute mon admiration!
Le dernier kilomètre nous faisait remonter jusqu'à notre point de départ, avec une petite droite sur les derniers 150 mètres. Urg. J'ai tout marché. Sauf la finale, quand même :)
Objectif atteint!!! |
Médaille, Chum et mère qui m'accueillent... et début de chute de pression.
L'après-course n'a pas été très festif: jambes qui lâchent, remise à niveau de mon sucre avec trop de raisins, ce qui m'a levé le coeur, puis un presque évanouissement en récupérant mon lunch. Heureusement que j'avais mes accompagnateurs pour m'aider :)
Un merci spécial à la fille qui m'a donné son Pepsi: il n'en restait plus sur le site et ça m'a beaucoup aidée!
J'étais contente, fière, mais brûlée et sous l'effet des derniers kilomètres. Une fatigue physique mais aussi mentale, à être demeurée positive malgré le mal de dos et l'écoeurantite qui commençait.
Après avoir mangé, Chum et moi sommes rentrés au B&B. Je pensais m'écrouler de sommeil, mais non. On est ressortis, un bon repas a fait le plus grand bien avant une bonne nuit de sommeil à peine interrompue par des douleurs aux pieds et aux fessiers :P
Deux jours et un bon bain chaud plus tard, je suis courbaturée, mais pas à outrance. Les fessiers et les chevilles écopent le plus, ainsi que le genou gauche dans les escaliers, mais sinon, ça va! Je me suis découvert une énorme ampoule sur un pied en terminant la course, malgré plusieurs ajustements du lacet pendant la course. Mes souliers sont juste trop grands pour moi!
Trophées |
Je savais que j'y allais un peu sous-entraînée. J'ai progressé de mon mieux depuis mon inscription, dans le respect de mes capacités et sans développer d'obsession malsaine, et le résultat va avec. Avec plus d'entraînement, ou des jambes plus reposées le jour même, j'aurais pu me rapprocher du 4h, voire le devancer. En même temps, mon temps est bien meilleur que mes attentes (4h30-5h) et j'ai fini avec le sourire, quoique pâlot. Yay!
Et maintenant... quoi? Mon Objectif est atteint et je ne suis inscrite à aucune autre course.
Eh bien, pour le moment, repos. Physique, mais surtout mental. Participer à l'UTHC était stimulant et énergisant, mais aussi stressant. Donc, petit break.
Je sais maintenant que courir plus de 4h ne me réussit pas. Ne pouvant pas manger, ce serait irréaliste de viser une plus longue distance.
Alors, peut-être, tout simplement, y retourner l'an prochain et viser un meilleur temps?
Ou bien une autre course?
Ou autre chose?
À suivre. Ce qui est certain, c'est que je continuerai à bouger, avec le sourire!
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